Mon Parcours

À ce moment de ma vie, un intérêt et une sensibilité particulière éprouvés de tout temps m'ont conduite à me consacrer à une activité que j'éprouve actuellement comme une nécessité.

Musicienne, plus précisément, flûtiste, "rien" ne me destinait à m'intéresser aux cérémonies funèbres.

Je n'ai pas d'attirances morbides et ne souffre pas d'un deuil non cicatrisé, rien de tout cela.

 


J'ai cependant plusieurs fois assisté à quelques "enterrements standards" d'où je suis sortie mal à l'aise et dans un état de frustration intense : cela ne ressemblait pas à la personne disparue, ce n'était pas l'image qu'on avait envie de garder d'elle.

J'ai eu l'impression d'une vraie carence dans ce domaine... un domaine où j'ai appris que l'on peut pourtant faire de très belles choses et où il est possible surtout de se rendre infiniment utile.

Petit à petit s'est instillée l'idée et la détermination de m'impliquer personnellement dans ce domaine qui me tient si à cœur.

En réalisant des cérémonies, j'ai remarqué que je me trouvais comme face à une partition musicale.

En effet, le temps et le rythme que l'on donne sont d'une grande importance tout comme en musique.

Nous avons toujours le même canevas pour mener à bien une cérémonie (en musique nous retrouvons toujours les mêmes notes, les mêmes formules) et pourtant à chaque fois tout est différent; tout un monde, toute une vie sont évoqués, riches de couleurs (ou de sonorités) les plus nuancées possibles. En "construisant" une cérémonie, j'ai d'emblée eu l'impression de me retrouver dans un univers tout à fait familier.

La musique nous fait réfléchir à la notion de durée, nous travaillons avec le temps qui passe; la musique est fugace, insaisissable; elle était là, elle n'est plus.

L'enseignement de la musique m'a appris à observer, à ressentir et à m'adapter aux  besoins de chaque élève, tous différents. Si je me mettais à dispenser un enseignement "unique" et "standard", il correspondrait aux attentes d'un tout petit pourcentage d'élèves. Les autres se lasseraient et abandonneraient très vite, ne se sentant pas concernés et donc peu motivés.

Si les rituels des obsèques se sont standardisés c'est parce qu'on a habitué les familles à les vivre en tant que spectateurs. Souhaitant sans doute soulager les familles, les professionnels leur ont dit : "Ne vous inquiétez pas, on s'occupe de tout" et ne leur ont plus donné de choix.

Moi-même j'ai longtemps pensé que la célébration religieuse était incontournable, et je me souviens de mon immense soulagement quand j'ai su que rien n'est obligatoire et que presque tout est possible.